"Ni l’une ni l’autre de tes deux mères n’a eu accès à la parole. Du moins à cette parole qui permet de se dire, se délivrer, se faire exister dans les mots. Parce que ces mêmes mots se refusaient à toi et que tu ne savais pas t’exprimer, tu as dû longuement lutter pour conquérir le langage. Et si tu as mené ce combat avec une telle obstination, il te plaît de penser que ce fut autant pour elles que pour toi."
Charles Juliet
Mise en scène : Pauline Ribat
Collaboration à la mise en scène : Vanessa Bettane
Adaptation : Pauline Ribat en collaboration avec Vanessa Bettane
Avec : Luce Mouchel, en cours
Composition musicale : Guillaume Léglise
Mise en scène de l'image : Véronique Caye
Scénographie : en cours
Création lumière : en cours
RÉSUMÉ
Lambeaux est un récit autobiographique. Il est publié en 1995.
Âgé d’à peine quatre semaines, Charles Juliet est séparé de sa mère ; celle-ci se retrouve internée dans un hôpital psychiatrique suite à une tentative de suicide.
Il est recueilli par une famille paysanne suisse qui l’élève comme si c’était son fils, parmi ses trois autres enfants.
Alors qu’il n’a pas huit ans, sa mère biologique décède dans cet hôpital psychiatrique ; c’est à ce moment précis qu’il apprend que celle qui l’élève n'est pas sa mère.
Lambeaux est le récit de cette femme enfermée pendant presque huit ans, qui meurt de faim à 38 ans, victime de "l'extermination douce" consécutive à l'Occupation - seule - dans cet asile psychiatrique.
Lambeaux est aussi le récit du chemin de Charles Juliet vers lui-même, né paysan et devenu écrivain, et de sa délivrance par l’écriture.
C'est un un cri déchirant de reconnaissance à ses deux mères: l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse.
C’est une ode à la beauté et la force que charrient la vie ; c’est un récit d’espoir.
INTUITIONS DE MISE EN SCÈNE
Deux interprètes : une actrice d’une soixantaine d’années et un acteur d’une quarantaine d’années.
Pour donner à entendre ces deux récits qui s’éclairent et se répondent l’un l’autre :
- le récit de cette femme qui avait soif d’étudier et de découvrir le monde, dont le désir (besoin ?) a été étouffé au profit de la vie maritale
-celui de Charles Juliet et de son chemin jusqu’au port de l’écriture.
L’espace sera dépouillé, sans fioritures, à l’image de l’écriture de Charles Juliet : « Il me faut veiller à écrire avec des phrases brèves, lesquelles sont toujours plus denses et incisives. »
Peut-être quelques accessoires pour témoigner de l’infinité de détails qui ont jalonnés sa vie, le racontent intimement : une table, une chaise, une lampe, un carnet, un gant de boxe, une boîte à photos, la présence d’une vache, un uniforme militaire…
Il y a un travail scénique sur la matière à inventer en dialogue avec la richesse picturale de l’écriture de Charles Juliet.
Je pense à l’univers de Rothko, à ses aplats de couleur et à leur puissance émotionnelle. À leur vide qui absorbe l’être.
Je pense à l’artiste japonaise Chiharu Shiota qui tisse et noue obsessionnellement des fils de laine monochromes ; ses installations filaires sont des visions poétiques de la complexité humaine.
Chacun.e a son récit qui contient l’essence de la vie et de la mort.
Des fils emmêlés, labyrinthiques, comme une métaphore de la longue lutte de Charles Juliet contre lui-même pour que la vie triomphe.
Ses noeuds inextricables, souterrains, qu’il est parvenu à dénouer, démêler, défaire, pour laisser passer la lumière et devenir ce grand poète.
Production : Cie Depuis L'Aube
Coproduction : Château-Rouge - scène conventionnée d'Annemasse, Bonlieu - scène nationale d'Annecy, Malraux - scène nationale Chambéry Savoie, en cours
Avec l'aide Ville de Chambéry, Département de Savoie
Avec le soutien en cours
La compagnie Depuis L’Aube est associée à Château-Rouge - scène conventionnée d'Annemasse.